François Auguste Ducros est un des maires de Grignan qui aura le plus marqué le XIXe siècle et la commune. En effet, déjà du fait de la durée de son mandat : plus de trente ans au service de la communauté, mais aussi par le nombre de travaux d’aménagement et d’assainissement du village qu’il a réalisés.
Au niveau des dates, on relève quelques incohérences car si dans les archives municipales, on trouve bien 1837 comme date de référence de début de son mandat, on a aussi mention de ses actions dès 1828… Peut-être faisait-il déjà partie du conseil municipal à cette date ? Il faut savoir qu’à l’époque les maires n’étaient pas élus mais désignés par les Préfets.
Et l’on sait fort peu de choses le concernant, n’ayant même aucune trace d’un quelconque portait de cet illustre grignanais.
François Auguste Ducros est donc né le 10 février 1803 à Grignan.
François Auguste Ducros sera donc maire de Grignan du 24 juillet 1837 au 29 octobre 1868, date de son décès. Licencié en droit, il embrasse la carrière de notaire tout comme son père avant lui. L’on dit de lui que c’était un notaire très averti. Il sera également fait chevalier de l’ordre impérial de la Légion d’Honneur.
Célibataire, il réunissait son conseil municipal le dimanche matin à 7h du matin (les retardataires ayant même droits à des amendes !) afin qu’après avoir satisfait à leur devoir civique, ils puissent accomplir leur devoir religieux en étant à l’heure à la messe.
On doit à François Auguste Ducros la plupart des bâtiments que nous pouvons encore admirer aujourd’hui :
- La Mairie, construite en 1857 à l’emplacement des anciennes Halles du XVI esiècle, où se tenaient les marchés et foires. Elle est de style néo-classique et l’on peut lire la mention « Hôtel de ville » sur le fronton triangulaire.
- La Fontaine et la statue Place Sévigné : sur l’ancienne place de l’horloge, fut édifiée en 1840, la fontaine sur laquelle sera érigée en 1857 la statue en bronze à l’effigie de la Marquise de Sévigné. Elle est l’œuvre de M. Rocher, statuaire d’Avignon. Elle fut l’objet d’une souscription publique.
De nombreuses autres fontaines, disséminées çà et là dans le village, datent de cette époque également, notamment celle de Coste Chaude
- Le pont « Sévigné » enjambant le Lez pour rejoindre la commune de Grillon, dont la première pierre a été posée le 11 août 1833.
- Le Lavoir, place du Mail : édifié en 1840 dans le style néoclassique que l’on dit inspiré du temple de l’amour du petit Trianon présent dans le parc du château de Versailles.
- Les « escaliers neufs » qui furent reconstruits après que les anciens eurent disparus à la suite des problèmes d’infiltration et de ruissellement des eaux pluviales. Relient la Grande Rue à la rue sous les remparts.
- L’abattoir et la bascule publique.
Beaucoup l’ignorent, mais il a également fait détruire trois des portes fortifiées (sous les remparts, rue du petit Faubourg et Place du Jeu du Ballon) qui ceignaient le village, mais ceci dans le but de faciliter le passage des charrettes dans les rues du centre du village…
On lui doit également la création d’une salle d’asile pour jeunes enfants (vers 1848), l’aménagement et l’agrandissement de la Place Castellane avec le pont sur la Chalerne (1864), la création d’un bureau de distribution postale avec service direct du Nord et du Midi ; l’édification du mur d’enceinte au cimetière communal (1837-1852)) ; l’établissement de routes départementales. On lui doit encore d’avoir suscité le par M. Nublat des Grands et Petits Jeux du Mail, ainsi que celle de la grotte de Rochecourbière par le Baron Salamon…
Il a également gagné en 1849 un procès contre la commune de Salles-sous-Bois qui permettra à Grignan de récupérer une importante partie de la forêt communale.
François Auguste Ducros aura passé plus près de la moitié de sa vie au service de sa commune et de ses administrés. Pourtant à la fin de sa vie, désabusé il écrivit ces quelques mots :
« La vie publique est un combat, où le plus souvent, à la place du bien que l’on a donné, on ne recueille que dégoût, déception et ingratitude ! »
Il n’aura pas le temps de signer le registre des délibérations du dernier Conseil municipal qu’il a présidé le 25 octobre, mourant à son domicile de la Rue Saint Antoine le 30 octobre 1868 à 9h du matin.
A sa mort, il ne laissera pas moins de trois mille franc-or pour les pauvres de la commune.
Il faudra attendre 2004, pour qu’un hommage lui soit enfin rendu.
En effet, la municipalité commande à l’architecte Jean-Michel Wilmotte un bâtiment (la Maison de Pays) situé place du Jeu de Ballon qui abritera l’Espace d’Art François-Auguste Ducros, l’Office de Tourisme, le Syndicat des Vignerons de l’AOC Grignan-les-Adhémar et la Médiathèque.
Merci à M. JP Couren à la Mairie de Grignan pour leur concours à la réalisation de ce portrait.