Le Cardinal Maury
Le Cardinal Maury, de son vrai nom Jean-Siffrein (ou Sifrein) Maury, est né à Valréas le 26 juin 1746. Bien que d’origine modeste, étant fils de cordonnier, c’est un excellent orateur, talent qui lui servira tout au long de sa carrière.
Le Cardinal Maury est un écrivain et ecclésiastique français, membre de l’Académie française de 1784 à 1803 et de 1806 à 1816, cardinal à partir de 1794, « archevêque » de Paris d’octobre 1810 à avril 1814 (nommé par Napoléon, il n’obtiendra cependant pas de bulle du pape).
Très jeune, il montre de grandes dispositions intellectuelles et est admis au séminaire Saint-Charles en Avignon. A vingt ans, il part chercher fortune à Paris et publie plusieurs éloges (« Éloge funèbre de Monseigneur le Dauphin » (1766), « Éloge du roi Stanislas le Bienfaisant » (1766)).
Sa carrière ecclésiastique est ponctuée de nombreux ouvrages : en 1767, nommé sous-diacre à Meaux, il concourt aux prix de l’Académie française avec un « Éloge de Charles V, roi de France » et un « Discours sur les avantages de la paix », mais il n’obtiendra que les félicitations. Il est ordonné prêtre en 1769. En 1771, son « Éloge de Fénelon » est récompensé d’un accessit.
Nommé, en 1772, chanoine et official de l’évêque de Lombez, il prononce devant l’Académie un « Panégyrique de Saint Louis » et en 1775, un « Panégyrique de Saint Augustin » devant l’assemblée du clergé de France. Ces discours établissent sa réputation et il est appelé à prêcher à Versailles devant le roi. En 1777, il publie son « Essai sur l’éloquence de la chaire », ouvrage devenu un classique sur le sujet.
En 1781, il est nommé prieur de Lihons au diocèse de Noyon.
Il est élu à l’Académie française en 1784 et y est reçu le 27 janvier 1785. Le 4 mars suivant, il prêche son Panégyrique de Saint Vincent de Paul dans la chapelle du château de Versailles en présence du roi.
En 1787-1788, il est secrétaire du garde des Sceaux Lamoignon dont il soutient la réforme.
Aux états généraux de 1789, il est élu député du clergé du bailliage de Péronne. Il défend les intérêts du clergé et de la noblesse et s’oppose à Mirabeau, élu du tiers état. Il lutte contre l’émancipation des Juifs en 1789 et 1790. Il proteste notamment contre la Constitution civile du clergé et défend l’autorité pontificale.
Quand l’Assemblée constituante est dissoute, il émigre à Coblence, puis à Rome. Le 1er mai 1792, il y est sacré archevêque in partibus de Nicée et nommé ambassadeur de la Cour de Rome à Francfort-sur-le-Main pendant l’élection impériale. En 1794, il reçoit le chapeau de cardinal et est nommé évêque titulaire des diocèses réunis de Montefiascone et de Corneto. Il joue un rôle important pendant le conclave de 1799-1800 en proposant l’élection du futur Pie VII. (ci-dessous ses armoiries).
Monseigneur Maury se rallie à l’Empire et est nommé sénateur (1806), aumônier de Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie. Il devient membre de l’Académie française (1806), comte de l’Empire (1810), avant d’accepter en 1810, de Napoléon, le titre d’archevêque de Paris, malgré l’opposition formelle du pape Pie VII, alors déporté à Savone (Italie), qui lui écrit pour lui ordonner de ne pas accepter ce siège, lui intimant l’ordre de le quitter immédiatement, sous peine des plus graves sanctions canoniques.
Malgré cette menace, il continue temporairement de soutenir activement Napoléon Ier dans ses mandements et ses sermons, tant que durera le régime.
À la Restauration, le pouvoir politique lui fit payer durement son ralliement au régime napoléonien. À la chute de l’empire, repoussé par le roi Louis XVIII, par la noblesse et le clergé, le cardinal Maury est aussitôt déposé par le Chapitre de Paris en tant qu’« archevêque intrus » sur le siège archiépiscopal de la capitale, est exclu de l’Académie française et exilé.
Le cardinal Maury est contraint de retourner en 1814 à Rome. Le pape Pie VII refuse de le recevoir en audience, l’oblige à quitter ses habits de cardinal, l’arrête et l’emprisonne durant six mois à la prison du château Saint-Ange. Son procès le condamne à la réclusion au couvent des lazaristes de San Silvestro del Quirinale à Rome, en châtiment de sa longue désobéissance au Saint-Siège. Mais, dès 1815, le cardinal Consalvi, Secrétaire d’État, fait cesser la procédure judiciaire, le pape accordant l’amnistie plénière à Maury, lui rend sa grâce, et l’autorise à revêtir les couleurs de cardinal.
Il meurt à Rome (Italie) le 10 mai 1817.
Mais, Louis XVIII, ne lui ayant pas pardonné, interdit qu’il soit inhumé dans l’église de la Trinité-des-Monts. Le pape Pie VII autorisera alors son inhumation sous le dallage devant le maître-autel de la Chiesa Nuova à Rome, où il repose à jamais.
La commune de Valréas lui a rendu hommage en donnant son nom à une place du centre-ville, non loin du cinéma. On peut d’ailleurs y voir une fontaine avec son buste sculpté dans la pierre, le regard tourné vers la Place.