Pierre Constant (Pierre Eloi Constant) est né le 12 octobre 1923, enfant unique d’une famille visanaise. Sa mère Berthe Clauzonnier est ouvrière cartonnière ; son père, Alphonse Constant, est épicier, ne pouvant plus exercer son métier de cultivateur en raison de blessures de guerre, causées par des éclats d’obus en septembre 1918 dans l’Aisne.
Après l’obtention du brevet élémentaire en 1939, Pierre Constant devient élève-maître à la rentrée scolaire d’octobre 1941 en classe de seconde au lycée de garçons Frédéric Mistral d’Avignon (84). Il est reçu à la première partie du baccalauréat en 1943.
Il sera enrôlé durant 8 mois aux Chantiers de jeunesse, de juillet 1943 à février 1944.
Pierre Constant, pour échapper au STO, se porte volontaire dans les Forces françaises combattantes en mars 1944 (réseau Scorpion dont son père avait fait partie avant d’être arrêté par la Gestapo), et y demeurera actif jusqu’au 8 mai 1945. Au cours de cette période, il obtient des facilités pour préparer et réussir la seconde partie du baccalauréat en novembre 1944.
Il effectue sa formation professionnelle à l’École normale d’instituteurs d’Avignon du 20 octobre 1945 au 28 avril 1946. Cette dernière année d’étude scellera une grande et forte amitié entre lui et plusieurs anciens camarades de lycée, élèves-maîtres : Martial Baillaud, Pierre Faraud, André Gente, Lucien Perret et Eugène Nicolas. Ces jeunes instituteurs se sentent investis de grandes responsabilités dans la reconstruction du pays, notamment pour faire advenir une école émancipatrice pour le peuple et militent au Syndicat national des instituteurs aux Amis de l’École émancipée.
Pierre Constant est nommé instituteur à Richerenches à la rentrée 1946, le rapprochant ainsi de son village natal, et qui comme lui appartient au canton vauclusien de Valréas, entièrement enclavé dans le département de la Drôme.
Aux congés de Pâques 1946, il rencontre Célestin Freinet à Cannes : « Mon adhésion à la pédagogie Freinet date de cet instant ; elle fut profonde et totale, je dirais instinctive. Je l’ai mûrie et j’ai tâché de lui rester fidèle tout au long de ma vie. L’École normale avait mis à notre disposition la revue « L’Éducateur » avec sa couverture rose dont j’ai encore la nostalgie… « L’Éducateur », ce fut pour nous comme une bouffée d’air qui nous donnait des exemples et nous portait à les suivre en nous expliquant les diverses techniques. »
Pierre Constant pratique donc tout de suite le texte libre et la technique de l’imprimerie avec ses élèves d’une classe jumelée de CM-fin d’études. En 1947, il entreprend une correspondance interscolaire en espéranto avec la classe allemande de Margaret Waldowski à Birkenverder, à 25 km au nord de Berlin.
Il aide aussi à la renaissance de la Fédération des œuvres laïques en Vaucluse en s’investissant dans les activités périscolaires et postscolaires. Il fonde au début des années cinquante à Richerenches, une association sportive USEP (Union sportive de l’enseignement du premier degré) affiliée à la FOL.
Il se marie à Orange, le 7 avril 1953, à une institutrice, Joséphine Albero, en poste à Visan depuis 1952. Josette et Pierre Constant auront deux filles, Claude, institutrice, et Fabienne, professeur d’arts plastiques dans une structure rattachée à « France handicap ».
Lorsque le poste de directeur de l’école de garçons de Visan se libère à la rentrée 1955, Pierre Constant en fait la demande qui est acceptée. Remarqué sept ans plus tard pour son sens des relations humaines, il est appelé comme conseiller pédagogique auprès de l’inspecteur départemental de la circonscription d’Orange, puis en 1967, de celle de Bollène (Vaucluse). Durant 17 ans, chargé de la formation des instituteurs remplaçants, « il donne la pleine mesure de ses moyens » selon l’inspecteur de la circonscription. Bien qu’ayant en charge 44 maîtres remplaçants en 1964, il multiplie les visites auprès de chacun d’eux, une ou deux fois par trimestre.
De ses années de guerre et de résistance, Pierre Constant conservera le goût de l’intelligence collective, la seule qui vaille, disait-il, en toutes circonstances. Apprécié pour sa modestie, son calme et sa grande culture, il a acquis une autorité certaine auprès de ses collègues. Aussi, durant quarante ans, son rôle fut prépondérant dans le développement du Groupe départemental vauclusien (GD 84) solidement amarré à l’ICEM (Institut coopératif de l’École moderne). L’événement marquant pour le GD 84 fut l’organisation du grand congrès ICEM à Avignon à Pâques 1960. Avec André Gente, il y est responsable des contacts avec la presse.
Au sein du mouvement Freinet lui-même, il anime la commission des conseillers pédagogiques de 1964 jusqu’à sa retraite en 1979. Il est également membre fondateur de l’association des Amis de Freinet en 1969. Sa volonté de s’ouvrir aux innovations l’amène à publier régulièrement dans L’Éducateur, des comptes rendus d’ouvrages et d’articles, notamment ceux de la revue « L’école et la vie » éditée par Armand Colin.
Ayant participé à des actions pour la paix aux côtés du PCF sans en être membre, Pierre Constant devient correspondant pour le Vaucluse, du journal régional communiste « La Marseillaise ».
Il sera maire de Visan en 1979 pour faire suite au décès du maire en place et le restera jusqu’en 1989.
Il décède le 1er juillet 1999 à Orange.
Titulaire de la Croix du combattant volontaire et de la Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de bronze, il est enterré dans sa commune natale.
Merci à Josette Ueberschlag et à Dominique de la Maison du Tourisme et des Produits du Terroir pour leur aide.