Véran Molinas est né à Montségur sur Lauzon en 1839. Nous n’avons malheureusement pas de dates plus précises.
Il est issu d’une famille modeste, son père exploitant un manège de chevaux de bois dans les fêtes foraines. Sa mère était une demoiselle Craisson de Montségur sur Lauzon.
Véran Molinas fait ses études secondaires au petit séminaire de Valence ; puis en 1870, il s’engage dans la garde impériale avec laquelle il fera campagne. La guerre terminée, il se marie à Paris. Sa femme meurt après lui avoir donné une fille qu’il nommera Jeanne (en souvenir du Saint Patron de la commune de Montségur).
Il épouse en deuxièmes noces une Parisienne très riche, qui décèdera peu de temps après de maladie et qui sera suivie de près par Jeanne, sa fille unique le 29 avril 1887 à l’âge de 13 ans.
Désespéré, et désormais sans famille, Véran Molinas reportera toute son affection et sa fortune sur son village natal.
Il commence tout d’abord par faire agrandir et enjoliver la chapelle St. Jean (en souvenir de sa fille bien-aimée) : devant l’édifice, il fait tracer une large avenue, bordée d’arbres avec trottoir et bancs. A l’intérieur, il fait installer un dallage, une nouvelle chaire, des bancs, un chemin de croix ainsi que deux chapelles latérales et pour finir des vitraux. Elle sera « bénie » officiellement le 11 novembre 1988, en présence du Maire M. Gambus, du curé M. Derbey et de l’évêque Monseigneur Cotton.
Il offre à la commune une pompe à incendie, ce qui sera sans doute à l’origine de la création de la Compagnie des sapeurs-pompiers de Montségur sur Lauzon, et un petit canon pour les réjouissances populaires. Il permet la création également d’une société de secours mutuel.
Enfin, il fait construire un nouveau cimetière et créer des canalisations permettant de ramener l’eau depuis St Amans jusqu’à Montségur sur Lauzon.
Il s’emploie donc à transformer Montségur sur Lauzon jusqu’à son décès en 1898.
L’année précédent sa mort, Véran Molinas avait d’ailleurs rédigé un testament en faveur de son village pour les travaux et embellissement suivants :
- 45 000 Frs pour la construction d’une grande église dans le centre du village à l’emplacement de la chapelle St Joseph. Il prévoit également 5000 Frs pour son aménagement intérieur.
- 20 000 Frs pour la réalisation d’une nouvelle mairie au pied du vieux village et 2000 Frs pour la création d’une fontaine en face de cette dernière.
- 16 000 F pour l’embellissement de la chapelle Saint Jean. (Pour rappel : 1 Franc de 1850 = 3,27 € d’aujourd’hui).
Les travaux demandés par Véran Molinas ne seront entrepris qu’à partir de 1902 et débuteront par la construction de la Mairie. C’est une construction dans un style Renaissance, comme bien souvent au début du XXe siècle. Situé au pied du vieux village côté Nord, elle domine tout le bourg. Elle est surmontée d’un clocheton où l’on place la petite cloche de l’ancienne église, une horloge ainsi qu’un paratonnerre.
L’année 1903 voit débuter l’édification de la nouvelle église qui durera trois ans. Elle sera inaugurée le 26 mars 1905 et dédiée, bien sûr, à Saint Jean, patron du village. Elle est en forme de croix latine de 28 m de long, 8 m de large, 11 m de haut. A l’origine, Véran Molinas voulait une église romane, comme la chapelle démolie à son emplacement, mais elle est en fait de style néo-gothique typique de la Belle Epoque. La voûte cloisonnée repose sur des doubleaux à arcs brisés. Elle est construite en pierres non appareillées, sauf aux angles, aux contreforts et sur la façade. Elle est surmontée d’un clocher octogonal, avec colonnade et deux clochetons, le tout coiffé d’une flèche effilée.
En 1904, c’est au tour de la fontaine monumentale d’être réalisée, mais elle devra attendre une cinquantaine d’années pour être ornée du buste de son bienfaiteur. Buste qui sera inauguré le 13 juillet 1952 en présence du maire M. Eugène Martin et de M. Perreau-Pardier, préfet de la Drôme
On peut conclure que la commune de Montségur doit beaucoup à Véran Molinas qui porte bien son titre de « bienfaiteur de la commune ».
Merci à Virginie Jardin et Paul Bérard pour m’avoir communiqué les informations permettant la réalisation de ce portrait.