L’Abbé Charvat , François Marie Charvat de son vrai nom, est né au Grand-Serre, le 17 février 1800.
Nommé prêtre le 20 mai 1826, il débute sa carrière à Montélimar, puis du 1er janvier 1831 au 16 février 1831, il sera curé de Montrigaud, avant de rejoindre la commune de Saint-Uze jusqu’en février 1843.
Le 1er mars 1843, il est nommé curé de Réauville et installé par le Maire de la commune.
Il se met immédiatement à l’œuvre dans sa paroisse, et tout en s’occupant des âmes qui lui étaient confiées, il s’emploie de son mieux à améliorer le mobilier de l’église qui était en piteux état.
En octobre 1843, on place donc une nouvelle chaire en beau bois de noyer qui coûta 425 Frs (Pour vous donner une idée : 1 Franc de 1850 = 3,27 € d’aujourd’hui).
En 1844, il fit construire le confessionnal.
En 1849, on érigea un nouveau chemin de Croix et, en 1850, on plaça la commode de la Sacristie qui avait coûté 167 Frs.
A cette même date, on refait la Grande Porte de l’église.
En 1870-71, c’est la construction du clocher et l’achat d’une cloche de 400 Kg.
L’Abbé Charvat, décide d’ériger une statue monumentale de la Vierge sur un rocher de “saffre” appelé le Château, qui domine Réauville au sud-est, sollicite l’abbé d’Aiguebelle ; qui lui envoie le frère Abel, sculpteur de l’abbaye, qui sculptera dans un bloc de calcaire de Saint-Restitut une Vierge les bras étendus, protectrice du village, selon le dessin de l’abbé Charvat. Placée le 31 mai 1857 sur un piédestal en pierre du pays, la statue fut bénie le dimanche suivant sous le titre de Notre-Dame de Bon-Secours. Cette statue fut malheureusement détruite par la foudre en 1878 et remplacée en juillet 1881 par celle de la Vierge à l’Enfant.
Comme bien souvent à cette époque, l’Abbé Charvat devait cumuler outre ses fonctions de Curé, celles de médecin, d’avocat, de banquier, de notaire et parfois même de juge de paix, tellement on avait confiance en lui.
Il disait que le peuple de Réauville, bien que n’ayant que peu d’instruction était intelligent, moral et honnête.
Le décès de l’Abbé Charvat en juillet 1876 fut un deuil ressenti par toute la population qui lui vouait une admiration sans borne.
Création des Comices agricoles
En 1853, l’Abbé Charvat crée à Réauville le Comité d’Agriculture locale avec 6 membres. Pratiquement tous les paysans du village sont enfermés dans leurs vieilles habitudes et sont réfractaires aux nouvelles méthodes. Quelques années plus tard, le Comité compte 20 membres, mais l’Abbé Charvat se heurte toujours à l’entêtement et aux critiques des réauvillois.
Les Commissions exposent leurs appréciations : on compare, on discute, on prend les suffrages au scrutin secret. Les primes sont décidées. Toutes ces opérations sont proclamées en plein Comité.
La distribution des récompenses est l’occasion d’une grande fête au cours de laquelle les Lauréats sont escortés d’un piquet de Garde nationale qui les conduit à l’église où l’on chante une messe en l’honneur du Patron des laboureurs, puis au lieu de la distribution.
Pour convaincre les réauvillois, l’Abbé Charvat décide d’employer un autre moyen : l’exemple.
Pour cela, il achète au Quartier de la Glacière, le plus mauvais de la Commune, 12 hectares de terrain abandonné. Il les découpe en compartiments et en banquettes, fait exécuter de gros travaux, puis des murs en pierres sèches et des fumures en Buis.
Il fait ainsi de la Glacière un dépôt d’expérimentation où les divers plans de vigne subissent un temps d’épreuve, et à force de recherches, il découvre d’excellentes espèces soit pour le vin, soit pour la table.
Concernant la truffe, il a également fortement incité les Réauvillois à remplacer les vignes décimées par le phylloxera par des chênes truffiers.
L’Abbé Charvat encourage également la culture de la Garance.
En 1860, 100 quintaux de graines seront mis en terre et on espérait une récolte de 1000 quintaux de racines à 40 Frs les 50 Kg.
En 1867, il reçoit la médaille d’Or et d’argent à Grignan au concours agricole.
Vers 1870, il écrit un livre de douze pages sur « La truffe ».
Dans celui-ci, il explique comment bien sélectionner les glands, le sol, comment entretenir sa plantation…il émet également une hypothèse sur le développement de la truffe (l’hypothèse est non avérée et ce n’est pas un ouvrage très important mais ça a suffi pour qu’il soit cité chez les plus grands de l’époque comme Adolphe Chatin).
Reconnaissons le rôle capital joué par l’Abbé Charvat dans le monde agricole. Pendant ses trente-trois années de Ministère, il a arraché le peuple à ses vieilles traditions. Il a démoli ses détracteurs et transformé l’esprit public.
Et nous pouvons retenir et nous approprier aussi sa citation préférée :
« Patientons, le temps est un grand maître »
Malgré toutes nos recherches, nous n’avons hélas trouvé aucun portrait de l’Abbé Charvat.
Tous mes remerciements à Virginie Simian de la Ferme les Eybrachas et à Christian Bernard, élu, pour leur aide dans la rédaction de cet article.